Au moins 54 soldats de l’Union africaine ont été tués lors de l’attaque du 26 mai
Un premier bilan est tombé après l’attaque du 26 mai en Somalie. Et il est très lourd. Au moins 54 soldats ont été tués dans l’assaut revendiqué par les islamistes radicaux shebab contre une base de l’Union africaine (UA) tenue par des militaires ougandais, a annoncé samedi soir sur Twitter le président ougandais Yoweri Museveni, qui a ajouté qu’un commandant faisait partie des victimes.
L’assaut contre la base de Bulo Marer, située à 120 kilomètres au sud-ouest de Mogadiscio, avait débuté «vers 5 heures du matin» à l’aide d’une voiture piégée et de kamikazes, avait détaillé le commandement de la Mission africaine de transition en Somalie (Atmis) dans un communiqué. Une attaque confirmée par le porte-parole de l’armée ougandaise, Félix Kulayigye.
«Des combats entre les terroristes et les soldats de l’Atmis ont suivi. Des renforts de l’unité d’aviation de l’Atmis et des alliés ont réussi à détruire les armes en possession des militants shebab», ajoutait l’organisation, qui communique rarement sur le bilan des attaques visant ses troupes.
«Il y a eu de violents combats. Les forces de l’UA et les forces somaliennes ont repoussé les assaillants et la situation est revenue à la normale», a détaillé Mohamed Yerow Hassan, commandant de l’armée somalienne, confirmant l’usage d’un «véhicule avec des explosifs».
Les Etats-Unis «condamnent fermement» cet acte, a fait savoir dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller. Le pays «se tient aux côtés de la Somalie et de l’Union africaine dans le combat visant à vaincre le terrorisme et à assurer la paix et la stabilité au peuple somalien», a-t-il ajouté. Le lendemain de l’attaque, Washington affirmait avoir détruit des armes et des équipements volés par les jihadistes du groupe Al-Shabaab lors d’une frappe aérienne près de la base militaire assaillie.
Les shebab solidement implantés dans de vastes zones rurales
Les shebab, affiliés à Al-Qaeda, combattent depuis plus de quinze ans le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale, afin d’instaurer la loi islamique en Somalie. Pour contrer cette insurrection, l’UA a déployé en 2007 une force composée de 20 000 militaires, policiers et civils venus d’Ouganda, du Burundi, de Djibouti, d’Ethiopie et du Kenya, baptisée Amisom. L’Atmis a pris le relais de l’Amisom en avril 2022, avec pour objectif de céder l’entière responsabilité de la sécurité du pays aux forces somaliennes fin 2024.
Chassés des principales villes en 2011-2012, les shebab restent solidement implantés dans de vastes zones rurales, d’où ils continuent de mener des attentats contre des cibles sécuritaires et civiles. En mai 2022, ils ont lancé une attaque d’envergure contre une base tenue par des soldats burundais de l’Atmis au nord de Mogadiscio. Ni les autorités somaliennes ni l’UA n’ont donné de bilan mais des sources militaires burundaises ont fait état de 45 soldats tués ou manquant à l’appel.
Le président somalien Hassan, Cheikh Mohamoud, a déclaré une «guerre totale» contre les shebab et lancé en septembre une offensive militaire, appuyée par l’Atmis et par des frappes aériennes américaines. Ces opérations ont permis de reconquérir de vastes territoires du centre du pays. Début janvier, les forces fédérales avaient repris la ville stratégique d’Harardhere dans le cadre d’une offensive lancée il y a cinq mois en s’appuyant sur des groupes de civils armés.
Mais les shebab continuent de mener des attentats sanglants en représailles. Le 29 octobre 2022, deux voitures piégées ont explosé à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333, l’attaque la plus meurtrière en cinq ans dans le pays.
Dans un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU en février, le secrétaire général Antonio Guterres a affirmé que 2022 avait été l’année la plus meurtrière pour les civils en Somalie depuis 2017, en grande partie à cause des attaques des shebab.