Niger nationalise la société Somair d’Orano : un tournant majeur dans l’uranium africain

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Le 19 juin 2025, le gouvernement militaire du Niger a officiellement annoncé la nationalisation de la société Somair, coentreprise spécialisée dans l’extraction d’uranium et majoritairement détenue par la société française Orano. Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Niamey et Paris, et illustre la volonté du Niger de reprendre le contrôle de ses ressources stratégiques, alors que le pays est l’un des principaux producteurs mondiaux d’uranium. Cette mesure marque un tournant majeur dans la gestion des richesses minières africaines et suscite de nombreuses réactions sur la scène internationale.

Nationalisation de Somair : faits et contexte

Qui ? Quoi ? Où ? Quand ?

Le Niger, via son gouvernement militaire en place depuis le coup d’État de 2023, a décidé de nationaliser la société Somair, située dans la région d’Arlit, au nord du pays. Somair est la seule mine d’uranium encore en activité au Niger, un pays qui se classe au 7e rang mondial pour la production d’uranium, avec des minerais parmi les plus riches d’Afrique.

Orano, société française détenue à 90 % par l’État français, possède 63 % de Somair, le reste appartenant à la société nigérienne publique Sopamin. La décision de nationalisation fait suite à l’expiration du contrat d’exploitation en décembre 2023, mais surtout à l’exclusion d’Orano du site depuis 2024, suite à la prise de contrôle du site par le gouvernement militaire.

Pourquoi cette nationalisation ?

Le gouvernement nigérien accuse Orano d’« agissements irresponsables, illégaux et déloyaux », dénonçant notamment une gestion jugée défavorable aux intérêts nigériens. Niamey souhaite ainsi assurer une gestion plus « saine et durable » des ressources, afin que la population locale bénéficie pleinement de ses richesses minières.

Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques exacerbées entre le Niger et la France, notamment depuis la réduction progressive de la présence militaire française au Sahel et la volonté nigérienne d’affirmer sa souveraineté économique.

Réactions des acteurs clés

Le gouvernement nigérien

Dans un communiqué officiel, la junte nigérienne a justifié la nationalisation en dénonçant la « confiscation » des ressources par Orano et en affirmant vouloir protéger les intérêts nationaux. Le gouvernement a également évoqué la nécessité de redresser la situation après des années de contrats jugés déséquilibrés.

Orano : une condamnation ferme

Orano a vivement condamné la nationalisation, la qualifiant de « violation flagrante des accords contractuels » et d’« acte unilatéral » qui porte préjudice à ses intérêts. La société française a annoncé son intention d’engager des procédures d’arbitrage international pour défendre ses droits et réclamer des compensations.

Orano a également souligné que, malgré sa participation majoritaire, elle avait été exclue de la gestion opérationnelle du site depuis 2024, ce qui complique la situation.

Réactions internationales

La nationalisation suscite des inquiétudes parmi les investisseurs étrangers et les acteurs du secteur minier, qui redoutent une instabilité prolongée et un risque accru pour les investissements en Afrique. Par ailleurs, cette décision reflète un mouvement plus large de réappropriation des ressources naturelles par certains États africains.

Enjeux économiques et géopolitiques

L’importance stratégique de l’uranium nigérien

Le Niger est un acteur incontournable du marché mondial de l’uranium, matière première essentielle pour l’industrie nucléaire civile et militaire. La qualité exceptionnelle des minerais nigériens en fait une ressource convoitée, mais aussi un enjeu crucial de souveraineté pour Niamey.

Conséquences possibles

La nationalisation pourrait entraîner des perturbations dans la production d’uranium, affectant les revenus d’exportation du Niger et les approvisionnements mondiaux. Elle pourrait aussi freiner les investissements étrangers, avec un impact potentiel sur l’emploi local et le développement économique.

Perspectives de négociation

Malgré la fermeté affichée, des négociations pourraient s’engager pour définir un nouveau cadre contractuel plus équilibré. Orano cherche à obtenir un arbitrage international, tandis que le Niger pourrait chercher des partenariats alternatifs, notamment avec la Russie ou la Chine.

Un tournant pour la souveraineté africaine

La nationalisation de Somair par le Niger illustre une volonté affirmée de contrôle accru sur les ressources naturelles stratégiques. Dans un contexte régional marqué par des tensions politiques et économiques, cette décision pourrait redessiner les rapports de force dans le secteur minier africain.

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