Guerre en Ukraine : l’impossible compromis des gauches françaises
L’équation est simple, c’est toujours la question internationale qui clive les gauches, depuis au moins le congrès de Tours de 1920 et la naissance du Parti communiste français (PCF). Héritage de la guerre froide ou du campisme, il y a toujours eu deux gauches, estime Gérard Grunberg, politologue et longtemps compagnon de route du Parti socialiste (PS). A la lumière de la guerre en Ukraine, il y a « les gauches anti-OTAN et pro-OTAN prêtes à tous les efforts pour aider l’Ukraine », dit-il. Certes, les élus de La France insoumise (LFI) ont dû amender leurs discours faisant de la Russie un « partenaire plus fiable que les Etats-Unis », comme le disait Jean-Luc Mélenchon en 2020. A la faveur du premier anniversaire du conflit, ils plaident désormais pour l’exploration de voies négociées pour sortir du conflit. « La guerre d’Ukraine doit finir. C’est à cela qu’il faut s’atteler. C’est affaire de diplomatie davantage que de tirs d’artillerie », écrivait Jean-Luc Mélenchon en décembre 2022.
Négocier ? Vladimir Poutine a assuré en janvier être prêt à dialoguer avec l’Ukraine à la condition que Kiev accepte « les nouvelles réalités territoriales ». Quand on les interroge sur la réalité d’une négociation vu cette exigence, les « insoumis » renvoient à un choix des Ukrainiens. « C’est aux Ukrainiens de savoir à quelle condition ils veulent accepter la paix. La Russie a violé les règles du droit international, elle ne peut pas gagner cette guerre. C’est aux Ukrainiens de décider à quel prix la paix est acceptable, ce n’est pas à nous de le dire pour eux », estime le député LFI de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud.
Texte piège
Livraisons d’armes, utilité du mandat d’arrêt pour crimes de guerre visant Vladimir Poutine, émis par la Cour pénale internationale, et bientôt un texte à l’Assemblée nationale proposant de qualifier d’organisation terroriste les milices Wagner, chaque chapitre du conflit ukrainien et des autres théâtres d’engagement russe donnent lieu à des positions divergentes de la part de ces deux gauches. Des positions mises, beaucoup, sous l’éteignoir, peut-être pour éviter de trop fracturer la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). « Insoumis » et communistes avaient bien réclamé au début de l’année un débat sur les livraisons d’armes, vues comme susceptibles de provoquer une surenchère, il ne s’est pas tenu…
Average Rating