La mobilisation historique des juifs américains face à la dérive d’Israël

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Une contestation, une révolution, ou un réveil ? On peine à trouver les mots justes, face au débat qui embrase les communautés juives libérales aux Etats-Unis. L’adjectif adéquat, lui, ne fait aucun doute : historique. Tribunes, lettres ouvertes, émissions, manifestations… La réaction de la diaspora aux projets du gouvernement Nétanyahou résonne en solidarité avec les manifestants dans les rues israéliennes. Ces citoyens américains frissonnent encore à l’évocation de l’assaut donné le 6 janvier 2021 contre le Capitole par les partisans de Donald Trump. Aujourd’hui, ils assistent à une offensive d’ampleur en Israël pour écraser les contre-pouvoirs – à commencer par la Cour suprême – au nom d’un programme extrémiste et d’une acception restrictive de l’identité juive.

L’image la plus frappante de cette mobilisation a été l’intervention du rabbin américain Rick Jacobs, fin février à Tel-Aviv, devant la foule des opposants. Le président de l’Union pour le judaïsme réformé, qui regroupe deux millions de personnes aux Etats-Unis, a été acclamé lorsqu’il a exprimé, en hébreu, toute la préoccupation de la diaspora. « Nous parlons par amour, explique-t-il par téléphone au Monde. C’est le moment de s’engager pour un Etat juif et démocratique. Ces deux termes sont aujourd’hui menacés par la coalition composée d’ultraorthodoxes et d’ultranationalistes, qui a une vision suprémaciste du judaïsme, et non pas inclusive pour les laïcs et les réformistes. Je ne peux imaginer un Etat juif non démocratique. Eux, oui. Avec ces changements dramatiques, toutes les minorités seraient menacées, faute de Constitution et d’une Cour suprême ne pouvant plus les défendre. »

Il serait exagéré de parler d’unanimité chez les quelque 7,5 millions de juifs américains qui composent un paysage culturel et religieux complexe. Mais la tendance est claire. Selon une étude du Pew Research Center, en 2020, environ 70 % se disaient démocrates. A leurs yeux, les valeurs de justice et d’égalité importent bien plus que la loi religieuse. Ils n’étaient que 26 % à se déclarer du bord républicain. « Les juifs américains se considèrent comme pro-israéliens, mais il ne s’agit pas d’un enjeu majeur au moment de voter, explique Halie Soifer, présidente du Jewish Democratic Council. Ils ont un lien émotionnel avec Israël, mais se déterminent surtout en fonction de questions intérieures, comme la santé, le contrôle des armes ou la politique climatique. »

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