le texte d’abrogation de la réforme met la majorité sous pression
La promulgation de la réforme des retraites par Emmanuel Macron ou les différentes décisions du Conseil constitutionnel n’auront pas mis un terme au rapport de force engagé par les oppositions sur ce texte. Si l’exécutif cherche à tourner la page, à l’Assemblée nationale, chaque examen d’un projet ou d’une proposition de loi, chaque séance de questions au gouvernement, est l’occasion pour les adversaires du camp présidentiel de remettre en question le recul de l’âge légal de 62 ans à 64 ans.
Cette contestation va prendre une nouvelle tournure le 8 juin, jour où le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) aura la main sur l’ordre du jour jusqu’à minuit. Dans le cadre de sa niche parlementaire, cette formation hétéroclite a, en effet, placé en première position sa proposition de loi pour abroger le texte du gouvernement et proposer la tenue d’une grande conférence sociale sur le financement du système des retraites, afin d’en « garantir la pérennité ». Le groupe composé de 21 élus issus du centre droit, du centre gauche, d’outre-mer et de régionalistes a rencontré en ce sens, les 9 et 10 mai, les secrétaires généraux de la CFDT, Laurent Berger, et de la CGT, Sophie Binet. Lesquels appellent avec les autres membres de l’intersyndicale à une quatorzième journée d’action, le 6 juin.
L’objectif est de « faire reculer le gouvernement sur sa réforme et d’offrir l’occasion à Emmanuel Macron de sortir par le haut de cette crise », avance le coprésident du groupe LIOT, Bertrand Pancher. Une initiative parlementaire qui sera l’occasion pour les élus du camp présidentiel « de continuer à expliquer [leur] projet », a rétorqué Emmanuel Macron dans un entretien à L’Opinion,publiédimanche 14 mai, dans lequel il dénonce « le déni de réalité » des opposants à la réforme. « Que l’on m’explique comment, sans réforme, financer une proposition de loi à 15 milliards d’euros. Par le déficit, avec les intérêts à venir ? En réduisant d’autres politiques publiques ? En baissant les pensions ? En augmentant les cotisations ? », questionne-t-il.
« C’est assez irresponsable de leur part de laisser croire que leur démarche permettra de revenir sur la réforme des retraites », a également critiqué la première ministre, Elisabeth Borne, le 11 mai, au cours d’un déplacement à la Réunion. S’il est adopté à l’Assemblée nationale, le texte n’a aucune chance de passer ensuite l’étape du Sénat, où la majorité de droite et du centre a fait savoir qu’elle ne le voterait pas.
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