Réforme des retraites : la Nupes prise dans ses contradictions

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« Il peut y avoir un incident qui vient tout polluer. » A la mi-janvier, la députée « insoumise » de Seine-Saint-Denis Raquel Garrido se montrait prophétique, prévenant qu’un faux pas pouvait fragiliser le combat de la gauche contre la réforme des retraites. Mardi 7 février, au deuxième jour des débats à l’Assemblée nationale, Adrien Quatennens a été cette étincelle capable d’embraser tout l’édifice. Le député de La France insoumise (LFI), condamné pour violences conjugales, et exclu de son groupe jusqu’au mois d’avril, a décidé de défendre un amendement contre la suppression des principaux régimes spéciaux de retraite.

Sa première intervention depuis son retour dans l’Hémicycle a déclenché à la fois une levée de boucliers et les applaudissements d’une quinzaine d’« insoumis ». « C’est une honte ! », a hurlé le député Renaissance des Hauts-de-Seine Pierre Cazeneuve. Indignés également par la prise de parole impromptue de l’ancien dauphin de Jean-Luc Mélenchon, des élus écologistes – dont Sandrine Rousseau, Marie-Charlotte Garin ou encore Sandra Regol – ont quitté l’Hémicycle, suivis par la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé.

La scène a ainsi éclipsé les dizaines de prises de parole des députés de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), qui défendaient, mardi soir, le maintien des régimes spéciaux. Elle donnera sans nul doute des munitions supplémentaires au camp présidentiel, qui accuse l’alliance de gauche de « bordéliser » les débats. Alors que la discussion sur les retraites a démarré, le 6 février, dans l’Hémicycle, le Parti socialiste (PS), le Parti communiste, LFI et les écologistes, parfaitement alignés dans les cortèges, cherchent encore à unifier leur stratégie au Palais-Bourbon pour faire barrage à la réforme.

« Construire le front du refus »

En témoignent les quelque 13 000 amendements déposés par LFI, bien plus que les 1 413 des socialistes, les 2 349 des écologistes et les 1 169 des communistes, mais qui, additionnés, nourrissent les accusations d’« obstruction » portées par la coalition présidentielle. « Si les Français ont mis en place cette Assemblée nationale, c’est pour qu’elle débatte », soutient Bruno Millienne. Le député MoDem des Yvelines défend pourtant la décision du gouvernement de ne pas avoir voulu prolonger les débats samedi 11 et dimanche 12 février : « Il faudrait trois mois pour examiner 18 000 amendements. Pourquoi épuiser des députés ? »

A l’unisson, la Nupes dément toute velléité de vouloir paralyser la discussion pour éviter le vote du texte, dont l’examen à l’Assemblée doit s’interrompre le 17 février à minuit, avant d’être envoyé au Sénat. Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste, rappelle que c’est le gouvernement qui a imposé son calendrier : « Il y aura seulement 7,5 jours de séance. On voit bien que le gouvernement ne veut pas débattre. » « Je mets au défi n’importe qui de trouver un amendement qui ne soit pas sérieux », défend, pour sa part, la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot.

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