Rendez-vous médicaux non honorés : Emmanuel Macron promet des « sanctions » sans résoudre la question de la mise en œuvre
Poser un lapin n’est pas correct, encore moins quand cela désorganise le travail de professionnels de santé, déjà sous tension. « Trop de temps médical est gaspillé par un excès d’imprévoyance, de la désinvolture, avec en particulier des rendez-vous non honorés », avait déjà affirmé le président de la République lors de ses vœux au monde de la santé, début janvier. Dans Le Parisien, le 23 avril, Emmanuel Macron est allé plus loin, assurant : « Ceux qui ne viennent pas aux rendez-vous, on va un peu les sanctionner. » Reste à savoir comment.
Dans un communiqué commun publié le 26 janvier, le Conseil national de l’ordre des médecins et l’Académie de médecine avaient évoqué « plusieurs études » d’après lesquelles les rendez-vous non honorés feraient perdre aux médecins deux heures de travail par semaine, représentant, par extrapolation, 27 millions de consultations par an à l’échelle nationale. De son côté, le magazine spécialisé Le Généraliste a sondé, en mars, 344 médecins, essentiellement des généralistes libéraux. De cette petite enquête ressort que 55 % des praticiens déplorent au moins quatre rendez-vous non honorés par semaine. Ces incidents sont avant tout le fait de nouveaux patients, et en second lieu de patients ayant pris rendez-vous au moyen d’une plate-forme Internet.
La sanction des indélicats est depuis cinq ans un cheval de bataille de l’Union française pour une médecine libre-Syndicat (UFMLS). Son président, Jérôme Marty, dresse leur portrait-robot : « Ce sont plutôt de jeunes actifs qui vivent à cent à l’heure, n’ont pas de médecin traitant ou papillonnent. Ils prennent un premier rendez-vous à quinze kilomètres de leur domicile, avant d’en trouver un autre à sept kilomètres, avant d’en trouver un troisième en bas de chez eux. Ils honorent celui-là sans annuler les deux précédents. »
Le syndicaliste dénonce le manque à gagner pour les professionnels, mais aussi l’impact sur l’accès aux soins. D’après lui, tout ce qui permet de lutter contre les temps morts des médecins contribue notamment à désengorger les urgences, où « 15 % à 30 % des passages » sont dus à des patients qui n’ont tout simplement pas trouvé de rendez-vous chez un médecin de ville.
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