Séisme en Turquie et en Syrie : l’OMS déplore le « pire désastre naturel en un siècle » en Europe
Il s’agit du « pire désastre naturel en un siècle » en Europe, a affirmé, mardi 14 février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Nous sommes toujours en train d’en mesurer l’ampleur », a insisté le directeur de la branche européenne, Hans Kluge, lors d’une conférence de presse.
Le bilan dépasse désormais 35 000 morts. Dans les gravats et les décombres, des centaines de milliers de sans-abri font toujours face à la faim et au froid en Turquie et en Syrie, plus d’une semaine après le puissant séisme d’une magnitude de 7,8 qui a frappé les deux pays.
Le bilan pourrait doubler, selon l’ONU
Le bilan, encore provisoire, ne cesse de s’alourdir et pourrait même doubler selon les Nations unies (ONU) : il s’élevait lundi soir à 35 331 morts – 31 643 morts dans le sud de la Turquie, selon l’AFAD, organisme public turc de gestion des catastrophes, tandis que les autorités ont dénombré 3 688 morts en Syrie. « 72 663 personnes pourraient avoir perdu la vie et 193 399 personnes pourraient être blessées », selon un rapport de l’association patronale Turkonfed publié lundi par les médias turcs.
Lueur d’espoir, de nouveaux survivants ont été extraits des décombres bien au-delà de la période cruciale des soixante-douze heures après la catastrophe. Dans la nuit de dimanche à lundi, sept personnes ont ainsi été dégagées vivantes en Turquie, selon la presse, dont un enfant de 3 ans à Kahramanmaras et une femme de 60 ans à Besni. Une autre, de 40 ans, a aussi été sauvée au bout de cent soixante-dix heures à Gaziantep.
L’ONU appelle aux dons
Le secrétaire général de l’ONU a lancé mardi un appel d’urgence aux dons de près de 400 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme en Syrie pendant trois mois.
« Aujourd’hui, j’annonce que l’ONU lance un appel humanitaire de 397 millions de dollars pour les populations victimes du séisme qui a ravagé la Syrie. Cela couvrira une période de trois mois », a déclaré Antonio Guterres à la presse, précisant qu’un appel aux dons équivalent pour la Turquie était en préparation.
Alors que les chances de retrouver des survivants deviennent quasi nulles, la priorité est désormais l’aide aux centaines de milliers de personnes dont les logements ont été détruits par le tremblement de terre. Selon le gouvernement turc, quelque 1,2 million de personnes ont été logées dans des résidences pour étudiants, plus de 206 000 tentes ont été dressées et 400 000 sinistrés évacués des régions dévastées.
A Antakya, l’Antioche de l’Antiquité grecque, après les trois ou quatre premiers jours d’abandon, les secours sont désormais organisés. Des toilettes basiques ont été installées, au grand soulagement des rescapés qui en ont été privés pendant plusieurs jours, et le réseau téléphonique a été rétabli dans une partie de la ville.
Une forte présence policière et militaire était visible afin de prévenir les pillages, après plusieurs incidents durant le week-end. De nombreux habitants ont toutefois justifié les vols dans les supermarchés, les premiers jours, par l’état de nécessité absolue dans lequel beaucoup se trouvaient, sans eau, sans électricité, sans argent ni magasins ouverts.
Au dénuement matériel extrême s’ajoute la détresse psychologique, qui frappe de plein fouet les plus jeunes. Le vice-président turc, Fuat Oktay, a affirmé que 574 enfants extraits des bâtiments effondrés avaient été retrouvés non accompagnés.Au total, plus de 7 millions d’enfants sont affectés par ce séisme, a rapporté l’Unicef mardi, qui craint que plusieurs milliers d’entre eux n’aient été tués. « En Turquie, le nombre total d’enfants vivant dans les dix provinces touchées par les deux tremblements de terre s’élevait à 4,6 millions. En Syrie, 2,5 millions d’enfants sont touchés », a précisé James Elder, un porte-parole de l’organisation, lors d’une conférence de presse à Genève.
Pour la première fois depuis le séisme meurtrier, une délégation de l’ONU est entrée mardi, par le poste-frontière de Bab Al-Hawa avec la Turquie, dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie. « C’est en grande partie une mission d’évaluation » des besoins, a expliqué à Genève Kenn Crossley, directeur du Programme alimentaire mondial en Syrie.
La Syrie a pour sa part annoncé l’ouverture, pour une période initiale de trois mois, de deux nouveaux points de passage avec la Turquie pour accélérer l’arrivée de l’aide humanitaire. Avant le séisme, la quasi-totalité de l’aide, cruciale pour plus de 4 millions de personnes vivant dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie, était acheminée à partir de la Turquie par un seul poste-frontière, celui de Bab Al-Hawa.
Les appels à ouvrir de nouveaux points de passage entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, dont certaines zones sont contrôlées par la rébellion, s’étaient multipliés ces derniers jours. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué cette décision du président syrien, Bachar Al-Assad, qui « va permettre à plus d’aide d’entrer, plus vite ».
Des camions, avec à leur bord de quoi confectionner des abris à l’aide de bâches en plastique, ainsi que des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, ont franchi lundi la frontière. Selon un responsable du ministère des transports syrien, Suleiman Khalil, 62 avions chargés d’aide ont jusqu’à présent atterri en Syrie et d’autres sont attendus dans les heures et les jours à venir.
Un avion saoudien chargé de 35 tonnes de vivres a atterri mardi matin à Alep, premier avion d’Arabie saoudite à arriver en Syrie en plus de dix ans, selon M. Khalil. Deux autres avions saoudiens chargés d’aide humanitaire sont attendus mercredi et jeudi, toujours selon la même source.
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