
Tournoi des six nations : la presse anglaise revient sur le « jour le plus sombre » de l’histoire de son rugby
Dans la nation qui a inventé le rugby, le samedi 11 mars 2023 est, à en croire la presse anglaise, « le jour le plus sombre » de l’histoire du XV de la Rose. Dimanche, au lendemain de la défaite écrasante infligée par les Bleus (10-53) dans le Tournoi des six nations, le bilan est sans concession pour les troupes du sélectionneur Steve Borthwick.
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Ce « jour le plus sombre » pour l’Angleterre, sur ses terres, dans l’enceinte mythique du stade de Twickenham, « a été beaucoup de choses – un pilonnage, un écrabouillement, une honte –, mais cela n’a pas été une énigme », résume ainsi The Telegraph.
Les coéquipiers du capitaine Ellis Genge « sont arrivés en nourrissant une sorte de fantasme élaboré sur le fait de lancer un nouveau chapitre de leur “aventure”, poursuit le journal. Ils repartent en ayant aperçu le plus terrifiant des reflets dans le miroir, leur affligeante banalité mise en évidence par la brillance d’une France impitoyable ».
Le contraste entre un XV de la Rose qui avait « peur de son ombre » et un groupe tricolore « entreprenant, déterminé et à la rapidité dévastatrice » a été flagrant.
L’équipe a été « désastreuse du début à la fin », abonde The Sun, dans un article titré « Sacre Bleus ». « La France attendait depuis dix-huit ans une victoire à Twickenham dans le cadre des Six Nations, rappelle le tabloïd. Mais ses joueurs n’auraient jamais pu imaginer que ce serait si facile ou si large, puisqu’ils ont inscrit SEPT essais. »
« La guillotine est tombée de manière brutale »
Rien d’étonnant, donc, à ce que les rares supporteurs qui « n’avaient pas quitté les lieux bien avant la fin » de la rencontre y soient allés de leurs sifflets à la fin du match, fait valoir The Sun. « Plenty of boos, followed by plenty of booze », écrivait quant à elle la BBC, samedi, sur son suivi en direct de la rencontre. Traduction non littérale : « Beaucoup de sifflets, puis beaucoup de bières à siffler. » Et de réagir aux larmes – elles, de joie – du sélectionneur des Bleus, Fabien Galthié : « J’imagine qu’il n’est pas le seul à pleurer après cette performance. »« La guillotine est tombée de manière brutale et définitive. L’Angleterre a connu quelques jours difficiles au fil des ans, mais rien de comparable à cette raclée record infligée par la France », souligne The Guardian, saluant la prestation « remarquable » des Bleus.
« A la fin du match, même la pire journée de l’Angleterre à Twickenham, la gifle 42-6 infligée par l’Afrique du Sud en 2008, n’était plus qu’un souvenir. L’équipe de Steve Borthwick avait osé espérer que ce week-end serait l’occasion d’entrevoir un avenir plus radieux à l’horizon. Au lieu de cela, elle s’est avérée être les phares d’un TGV français lancé à toute allure, écrasant tout sur son passage. »
« Ils n’ont aucune excuse. J’aimerais mettre ça sur le compte d’une contre-performance, mais [les limites] de l’Angleterre ont été mises en évidence », concède, de son côté, l’ancien demi de mêlée anglais Matt Dawson, pour la BBC5.
Après la défaite inaugurale dans le Tournoi contre l’Ecosse (29-23), également à Twickenham, et après seulement quatre matchs à la tête de la sélection, Steve Borthwick semble déjà à la croisée des chemins. « Cela va accroître les doutes sur la tactique mise en place par le staff. On se demandait si l’Angleterre jouait le bon rugby. Ils ne peuvent pas espérer battre les meilleures équipes ainsi », assène Matt Dawson.
Le technicien peut compter sur le soutien du Times, qui estime que son prédécesseur Eddie Jones « lui a laissé très peu de bonnes cartes en main », mais le quotidien se réfugie surtout dans un panégyrique des Bleus, qui ont livré, selon lui, un « rugby d’une autre planète »
« C’était glorieux. C’était superbe. C’était absolument dévastateur et irrésistible. C’était la France (…) utilisant le langage du rugby moderne mais directement basé sur son héritage de technique, de vitesse et d’attaque », s’emballe le pourtant très sérieux journal conservateur. Pour lui aucun doute : « à ce niveau de forme », le XV tricolore est le « nouveau favori » pour la Coupe du monde sur ses terres, à l’automne (8 septembre-28 octobre 2023).
« Enorme fossé » avec la France et l’Irlande
Les médias américains se sont, eux aussi, régalés de la déroute du XV de la Rose : « Le Crunch ? L’humiliation de l’Angleterre par la France, c’était Le Crumble », ironise ESPN.
« Un moment de pur pathétisme – la pluie tombant sur Twickenham, l’Angleterre recevant une douloureuse leçon de la part d’une équipe qui a des années d’avance sur elle. La soirée devait servir à rappeler à quel point la France a progressé depuis la dernière Coupe du monde, mais il est rare que deux heures aient permis à l’Angleterre de se rendre compte de manière aussi brutale de l’énorme fossé qui la sépare de la France et de l’Irlande. »
Pour l’Angleterre, l’avenir immédiat est loin d’être rose, alors que son dernier match des Six Nations la verra défier l’Irlande, à l’Aviva Stadium le 18 mars. Le XV du Trèfle jouera la victoire finale dans la compétition et avait, lui-même, battu la France (32-19). Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. Jouer
« Qui sait ce [qu’elle] va faire à partir de maintenant ?, interroge The Independent. La réponse littérale est qu’il faut se rendre à Dublin pour affronter la force imparable de l’équipe numéro un au monde, dans sept jours, mais des questions philosophiques bien plus importantes se posent et il est difficile de croire [que l’équipe a] les réponses. »
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