Guerre en Ukraine : la Russie suspend sa participation à l’accord New Start sur le désarmement nucléaire
Dans un discours fortement hostile à l’Occident, Vladimir Poutine a annoncé mardi 21 février la suspension de la participation de la Russie à l’accord New Start sur le désarmement nucléaire, sans cependant s’en retirer entièrement. Lire aussi : Guerre en Ukraine, en direct : « Quand nous nous rendons sur des zones de combat, la consigne est d’éteindre les téléphones et GPS »
« Ce traité nous empêche d’effectuer des inspections à part entière, et nos demandes répétées d’inspecter telle ou telle installation restent sans réponse ou sont rejetées pour des raisons formelles. Et nous ne pouvons pas vraiment inspecter quoi que ce soit de l’autre côté (…), a justifié le président russe. Je me vois contraint d’annoncer aujourd’hui que la Russie suspend sa participation au traité sur les armes stratégiques offensives. Je le répète, non pas en se retirant du traité mais en suspendant précisément sa participation. Et avant de reprendre les discussions à ce sujet, nous devons comprendre ce que veulent les pays de l’Alliance atlantique, comme la France et le Royaume-Uni. »
Signé en 2010, le traité New Start, dernier accord bilatéral du genre liant les puissances russe et étatsunienne, limite les arsenaux des deux pays à un maximum de 1 550 ogives déployées de part et d’autre, soit une réduction de près de 30 % par rapport à la limite précédente fixée en 2002. La Russie avait déjà annoncé au début d’août suspendre les inspections américaines de ses sites militaires prévues dans le cadre de l’accord, assurant agir en réponse aux entraves américaines aux inspections russes aux Etats-Unis.
« On nous adresse des ultimatums »
Vladimir Poutine a, entre autres, accusé les Etats-Unis d’avoir aidé l’Ukraine à moderniser des drones pour les envoyer sur des objectifs stratégiques, une référence aux récentes explosions sur la base de bombardiers stratégiques d’Engels, à quelque 500 kilomètres de la frontière ukrainienne.
Dans la foulée du discours de M. Poutine, la diplomatie russe a convoqué l’ambassadrice américaine à Moscou pour lui remettre une note exigeant des Etats-Unis le retrait des « soldats et équipements » de l’OTAN en Ukraine, en référence à l’aide militaire que Kiev reçoit des Occidentaux.
Le président russe a également appelé le ministère de la défense et l’agence fédérale de l’énergie atomique Rosatom à se tenir « prêts pour des tests d’armes nucléaires » si les Etats-Unis en réalisaient en premier.
Il a, en outre, qualifié de « théâtre de l’absurde » le fait que l’OTAN ait réclamé que la Russie applique New Start et autorise « l’accès aux inspections des sites nucléaires militaires » russes. « Par l’intermédiaire des représentants de l’OTAN, on nous adresse des ultimatums : “Vous, la Russie, faites tout ce sur quoi on s’est mis d’accord, notamment New Start, et nous, nous ferons ce que bon nous semble” », a accusé le maître du Kremlin.
M. Poutine a suggéré que l’OTAN rejoigne New Start pour rendre ce traité équitable, « car, au sein de l’OTAN, les Etats-Unis ne sont pas la seule puissance nucléaire ». « La France et la Grande-Bretagne ont aussi des arsenaux nucléaires, elles les perfectionnent, les modernisent et ils sont dirigés contre nous », a-t-il ajouté.
Avant cette annonce, le Kremlin avait accusé le 1er février les Etats-Unis d’avoir « détruit le cadre juridique » du traité New Start, au lendemain d’accusations de Washington visant Moscou pour le « non-respect » de ses obligations.
Une décision « décevante et irresponsable » pour Washington
Peu après le discours du président russe, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a dit regretter mardi la décision de Moscou. « J’appelle la Russie à revoir sa position », a-t-il réagi au cours d’une conférence de presse à Bruxelles. « Plus d’armes nucléaires et moins de contrôles des armements rendent le monde plus dangereux », a-t-il poursuivi.
« L’annonce de la Russie (…) est une nouvelle preuve du fait qu’elle ne fait que démolir le système de sécurité qui a été bâti après la fin de la guerre froide », a ajouté en écho Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a, lui, qualifié la décision russe comme « très décevante et irresponsable ». « Mais, bien évidemment, nous restons prêts à discuter sur la limitation des armes stratégiques à n’importe quel moment avec la Russie », a-t-il néanmoins déclaré à quelques journalistes à l’ambassade des Etats-Unis à Athènes.
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