La Biélorussie gracie le journaliste Roman Protassevitch
Roman Protassevitch, qui a été condamné à huit ans de prison au début du mois de mai, a été libéré a rapporté lundi 22 mai l’agence officielle Belta. « Je viens de signer les documents appropriés attestant que j’ai été gracié », a déclaré à Belta M. Protassevitch, 28 ans, ancien rédacteur en chef du média d’opposition Nexta qui avait joué un rôle-clé dans la contestation du pouvoir en 2020. « Je suis très reconnaissant au pays et, bien sûr, au président personnellement pour cette décision », a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par Belta.
Il avait été arrêté le 23 mai 2021 avec sa compagne, Sofia Sapega, après qu’un avion de chasse biélorusse avait dérouté le vol Ryanair le conduisant d’Athènes à Vilnius, suscitant un tollé et des sanctions occidentales. Sofia Sapega, citoyenne russe, a pour sa part été condamnée à six ans de prison. Des négociations sont en cours entre Minsk et Moscou afin qu’elle soit transférée en Russie pour y purger sa peine.
Coopération et repentir
Le média d’opposition Nexta a joué un rôle-clé dans la mobilisation du mouvement de protestation contre la réélection, jugée frauduleuse, en août 2020 d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994 et allié de Moscou.
Il avait notamment relayé les appels à manifester et diffusé des images de la mobilisation et de la répression policière. Cela avait valu à Nexta d’être interdit et classé comme « organisation terroriste » par la justice biélorusse.
Après son arrestation, M. Protassevitch avait accepté de coopérer avec l’enquête et avait affirmé se repentir, dans des vidéos diffusées par la télévision publique biélorusse, enregistrées « sous la contrainte » selon l’opposition.
Accusé d’appels publics à « prendre le pouvoir », à commettre des « actes terroristes » et d’insultes au chef de l’Etat, M. Protassevitch avait été assigné à résidence jusqu’à son procès avant sa condamnation à huit ans de prison.
Deux autres de ses collègues en exil à l’étranger, Stepan Poutilo et Yan Roudik, ont eux été condamnés par contumace à des peines respectives de vingt ans et de dix-neuf ans d’emprisonnement, dans cette affaire emblématique de la répression en Biélorussie.
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