
Adoptions internationales en France : une étude révèle l’ampleur des dérives
La boîte de Pandore est ouverte. Si, ces dernières années, la multiplication des témoignages de Français affirmant avoir été adoptés illégalement à l’étranger laissait penser que les dérives étaient nombreuses dans l’Hexagone, l’« Etude historique sur les pratiques illicites de l’adoption internationale en France », publiée lundi 6 février par les historiens Fabio Macedo et Yves Denéchère, dresse un état des lieux encore plus glaçant.
« On peut s’interroger sur l’ordinaire des pratiques illicites et leur caractère systémique », soulignent les deux chercheurs rattachés à l’université d’Angers, avec qui le ministère des affaires étrangères a signé une convention en décembre 2021 pour permettre l’élaboration de ce rapport de recherche indépendant.
« Trafic d’enfants » et « adoptions irrégulières » au Chili, au Paraguay et au Pérou, « rente mensuelle » proposée aux parents biologiques en échange de leur enfant en Inde, « corruption et fraude de documents » au Cambodge, « rapts », « fabrication de faux orphelins » et abandon forcé « de nouveau-nés par des mères très jeunes » pour répondre à « la demande des parents adoptifs » français à Madagascar… Leur étude, élaborée à partir de 9 600 pages d’archives tirées des fonds diplomatiques de l’Etat, la plupart classés, établit que de nombreuses adoptions illicites ont été réalisées dans plus d’une vingtaine de pays depuis 1979, malgré les alertes incessantes adressées par les services consulaires au ministère des affaires étrangères.
Les adoptions individuelles, qui permettaient jusqu’à leur interdiction, en février 2022, aux couples français d’adopter de manière isolée, ne sont pas les seules à avoir fait l’objet de dérives. Les 150 pages de compte rendu de cette étude révèlent que les adoptions accompagnées par les associations habilitées par le Quai d’Orsay, censées protéger les candidats de ces irrégularités, ont aussi connu leur lot de fraudes. Quinze organismes autorisés pour l’adoption (OAA) sont mis en cause dans le rapport. Cinq d’entre eux sont encore aujourd’hui agréés par l’Etat.
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