André Vallini, sénateur PS : « La réforme du mode de scrutin est de nature à apaiser notre vie politique »
Depuis plusieurs semaines, la France vit une crise politique qui a, en réalité, commencé depuis plusieurs années et qu’illustre la montée inexorable de l’abstentionnisme. Plus que la présidentialisation du régime, c’est la représentativité du Parlement qui est en cause, notamment à cause du mode de scrutin qui amplifie parfois démesurément le résultat de la présidentielle.
Cette distorsion démocratique, aggravée par l’instauration du quinquennat doublée de l’inversion du calendrier électoral, aboutit à faire de la France le seul pays démocratique avec un exécutif hyperpuissant, disposant d’une majorité ni vraiment représentative ni vraiment indépendante.
Certes, La France insoumise et plus encore le Rassemblement national, dont la représentation parlementaire ne reflétait pas leur poids politique depuis 2012, ont vu le nombre de leurs députés augmenter en juin 2022. Pour autant, le système démocratique est aujourd’hui grippé en France ; et au-delà des révisions constitutionnelles nécessaires, mais à l’évidence difficiles à faire voter par le Parlement actuel, il y a une réforme de nature à apaiser notre vie politique : celle du mode de scrutin.
Une loi ordinaire y suffirait puisque le général de Gaulle n’a pas jugé utile de faire figurer le mode de scrutin dans la Constitution, ce qui démontre au demeurant qu’il n’en faisait pas un élément fondamental de sa conception des institutions. L’instillation d’une dose de proportionnelle ou l’instauration du système allemand de double vote nécessiteraient un redécoupage des circonscriptions, toujours sujet à caution. Alors, la solution la plus simple est celle du scrutin le plus simple : la proportionnelle départementale.
Régime injustement honni
A l’argument selon lequel le scrutin majoritaire permet d’échapper à l’emprise des partis alors que la proportionnelle leur confère un rôle prépondérant, on répond : d’abord, qu’il faut cesser de diaboliser les partis, dont même la Constitution dit qu’ils contribuent à l’expression démocratique. Ensuite, que le scrutin majoritaire n’a jamais empêché les partis de réserver des circonscriptions à des personnalités nationales, à tel courant ou à telle sensibilité. Enfin, que le scrutin majoritaire donne souvent lieu à des répartitions de circonscriptions entre formations politiques coalisées.
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