
Emeutes urbaines : Emmanuel Macron tente d’échapper à la surenchère politique
« Générosité », « respect », « fraternité »… Prononcés par Jacques Chirac le 14 novembre 2005, dix-huit jours après le début de « sa » crise des banlieues, ces mots tranchent avec la tonalité qui domine le monde politique depuis mardi 27 juin. « C’est dans les mots et les regards, avec le cœur et dans les faits, que se marque le respect auquel chacun a droit », déclarait alors le président de la République, resté silencieux près de trois semaines.
« Je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République (…). Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d’où qu’ils viennent, le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage », poursuivait-il dans une adresse aux Français, relayée ces jours-ci sur les réseaux sociaux par le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon… sans le reste du discours, où le président Chirac rappelait que « la violence ne règle jamais rien ».
Dix-huit ans plus tard, Emmanuel Macron cherche à son tour les mots pour s’adresser à une France qui se déchire sous ses yeux depuis la mort du jeune Nahel M., abattu le mardi 27 juin par un policier lors d’un contrôle routier, à Nanterre. « Une prise de parole ne pourra être envisagée qu’une fois la situation stabilisée, précise l’Elysée. Il faut chercher à comprendre l’origine des violences, qui traversent des communes très différentes. »
Attaques et invectives
En visite surprise à la caserne Bessières, dans le 17e arrondissement de Paris, lundi soir, le chef de l’Etat a voulu soutenir les personnels de la brigade anticriminalité (BAC) de nuit. Ce mardi, il devait parler aux quelque 220 maires qui ont subi des violences sur leur commune, conviés à midi au palais présidentiel. « On en tirera des conséquences politiques, sociales, législatives peut-être après », a projeté le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, vendredi sur TF1, sans pour autant, comme il l’a dit lundi à Reims, « trouver des excuses sociales là où il n’y en a pas ».