
En Colombie, la « paix totale » de Gustavo Petro en difficulté
Le président colombien, Gustavo Petro, a annoncé, lundi 13 mars, l’ouverture de négociations de paix avec la principale faction dissidente des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), la grande guérilla qui, en 2016, a déposé les armes. « Un deuxième processus de paix commence », s’est réjoui sur son compte Twitter le chef de l’Etat, qui a fait de la « paix totale » la grande ambition de son mandat.
Un peu plus tôt, le procureur Francisco Barbosa avait accepté de lever les mandats d’arrêt en cours contre dix-neuf des chefs de l’organisation, afin de « faciliter les pourparlers avec l’état-major central [EMC] autoproclamé des FARC ». Dirigé par Nestor Vera, alias Ivan Mordisco, l’EMC est composé de guérilleros qui avaient refusé de signer l’accord de 2016 et ont été rejoints par de nouvelles recrues. Selon les autorités, l’EMC compterait aujourd’hui quelque 2 000 hommes en armes.
Un premier processus de négociation a été engagé en novembre 2022 avec l’Armée de libération nationale (ELN), la guérilla d’obédience castriste, dans le maquis depuis bientôt soixante ans. Le deuxième cycle de pourparlers entre le gouvernement et l’ELN, qui s’est tenu dans la ville de Mexico, a pris fin le 10 mars. Les parties ont annoncé s’être mises d’accord sur une feuille de route de négociations en six points, et avoir examiné les bases d’un éventuel cessez-le-feu. Les partisans de la paix totale se veulent optimistes. Mais les difficultés s’accumulent sur le terrain, tandis que dans les médias, les critiques se multiplient.
La révolte des orpailleurs
La région dite du Bajo Cauca, dans le nord-ouest du pays, est bloquée depuis dix jours par des mineurs, essentiellement de petits orpailleurs, qui protestent contre l’intention du gouvernement de lutter contre les activités minières clandestines. Manifestations, barrages, camions et ambulances brûlés, menaces… la tension ne faiblit pas. La volonté de dialogue, manifestée par les ministres dépêchés sur place, bute sur la détermination des leaders locaux. Les autorités sont désormais convaincues que les protestataires sont pilotés et financés par les milices narco-paramilitaires du clan du Golfe, la plus grande organisation criminelle du pays (aussi appelée « Autodéfenses gaitanistes de Colombie »). En décembre 2022, le clan du Golfe disait accepter la main tendue par le gouvernement et déclarait un cessez-le-feu pour négocier les conditions de sa reddition.
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