Espagne : en Castille, la stratégie gagnante du socialiste Emiliano Garcia-Page, critique de son parti

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Dans le palais mudéjar de Fuensalida, à Tolède, le président de la communauté autonome de Castille-La Manche, Emiliano Garcia-Page, aime raconter que c’est ici qu’eut lieu la dernière rencontre entre Felipe Gonzalez, alors chef du gouvernement espagnol, et François Mitterrand, en 1993. « Il y avait au mur un tableau de la bataille de Pavie, une des rares que les Espagnols ont remportées sur les Français, et il avait fallu l’enlever… », s’amuse-t-il. Au-delà de l’anecdote, il ne cache pas la nostalgie que lui inspirent ces figures de gauche d’un autre temps. Lui s’est érigé en principal détracteur du chef socialiste du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.

Cet homme politique de 54 ans, qui gouverne la Castille-La Manche depuis 2015, après avoir été maire de Tolède, n’a pas daigné se rendre au comité fédéral du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui s’est réuni à Madrid, samedi 10 juin, pour entériner la composition des listes de candidats pour les législatives anticipées du 23 juillet. Ni lui ni le président d’Aragon, Javier Lamban. Tous deux ont choisi ainsi de signifier leur malaise après les retouches apportées par la direction du parti aux listes élaborées localement. Une quinzaine de candidats ont aussi quitté ces listes pour protester contre les choix de la direction. Dans ce contexte, et alors que le PSOE a perdu l’essentiel de son pouvoir territorial aux élections locales du 28 mai, beaucoup se demandent où les militants trouveront encore l’énergie de faire campagne.

« Affrontement tribal »

Si les résultats du PSOE – 24 % le 28 mai – font pâlir d’envie nombre de leurs homologues européens, en Espagne, le parti est en proie à d’importantes tensions internes. « Ces dernières années ont été d’une grande dureté politique : les niveaux d’affrontement ont dépassé de loin des limites. Nous avons un pays divisé en deux, alors qu’une grande majorité de gens ne veulent pas de cette division », estime M. Garcia-Page. Selon le président de région, les « extrêmes » ont réduit la politique à un « affrontement tribal » et Pedro Sanchez a abandonné le centre et compromis les valeurs historiques du PSOE, en laissant trop de pouvoir à ses encombrants alliés. Sur sa gauche, Unidas Podemos est accusé de remettre en cause la Constitution de 1978, et les indépendantistes catalans et basques sont perçus comme une menace pour l’unité de l’Espagne.

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