« Henry Kissinger, qui fête ses 100 ans, est toujours aussi pessimiste »

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Une négociation sur l’Ukraine devrait intervenir d’ici à la fin de l’année. Mais la rivalité sino-américaine peut déboucher à son tour sur la guerre. Avec l’intelligence artificielle, le champ de bataille sera plus mortifère que jamais. Nous vivons une époque semblable à celle qui a précédé le premier conflit mondial (1914-1918). Ce sont des temps sans règles définies entre les grandes puissances, une époque en quête de normes stratégiques.

Henry Kissinger parle d’expérience. Il a eu 100 ans le 27 mai. Il marche avec difficulté, il a perdu la vision d’un œil, il dit qu’il se fatigue plus vite. La voix est moins assurée mais reste profonde, rocailleuse, portant l’écho de son Allemagne natale. Il suit les affaires du monde depuis le début des années 1940. Il est toujours aussi pessimiste, plus encore, peut-être, que lorsqu’il pilotait la diplomatie américaine, de 1968 à 1977 – d’abord à la tête du Conseil de sécurité, à la Maison Blanche, puis en tant que secrétaire d’Etat.

Kissinger pense que Xi Jinping le « prendrait au téléphone », et Vladimir Poutine aussi. Le président chinois par déférence pour les anciens, et son homologue russe par respect pour un tenant de la realpolitik. Kissinger a des choses à dire. Il s’est confié au journaliste Ted Koppel, dans un long entretien à la chaîne CBS, et lors de huit heures de conversation avec l’hebdomadaire The Economist. C’était en avril, juste avant de souffler ses cent bougies.

Comment la guerre en Europe se terminera-t-elle ? Le plus probable est que l’armée ukrainienne reprendra une partie supplémentaire des terres occupées par les Russes depuis le 24 février 2022. En revanche, les Russes ne devraient pas être chassés de Crimée. « On risque d’avoir ainsi une Russie mais aussi une Ukraine peu satisfaites, estime Kissinger. Ce sera un équilibre de la frustration. » Pour en sortir, les Occidentaux doivent faire preuve d’« imagination » et décider deux choses en même temps.

Volontiers péremptoire

La première est d’intégrer tout de suite l’Ukraine à l’OTAN : « Si je lui parlais, je dirais à Poutine que c’est dans son propre intérêt. » L’appartenance à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord assurera à Kiev sa protection, mais aussi responsabilisera une Ukraine surarmée et manquant encore d’expérience stratégique. Le second mouvement sera, pour les Européens, d’imaginer un rapprochement avec la Russie, afin de « stabiliser la frontière orientale » de l’Union. « Réaliste », vraiment, docteur Kissinger ? Avec la Russie de Poutine ?

 

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