La Cour internationale de justice ordonne à l’Azerbaïdjan de mettre fin au blocage du corridor de Latchine vers le Haut-Karabakh
La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à l’Azerbaïdjan, mercredi 22 février, d’« assurer la circulation sans entraves des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Latchine ». Cette route est l’unique voie qui relie les 120 000 Arméniens vivant au Haut-Karabakh, l’enclave à majorité arménienne qui s’est autoproclamée indépendante de l’Azerbaïdjan en septembre 1991, à l’Arménie. Elle est bloquée depuis le 12 décembre 2022 par des militants azerbaïdjanais. Il y a « urgence » à mettre fin au blocus, a expliqué la présidente de cette cour de l’Organisation des Nations unies, Joan Donoghue, estimant qu’il pourrait causer « un préjudice irréparable ».
Depuis la mi-décembre, ce blocus a suscité de nombreuses protestations. Dans un rapport publié au début de février, Amnesty International a averti que « des milliers de vies » seraient « en péril ». Selon la déclaration trilatérale (Azerbaïdjan, Arménie, Russie) de novembre 2020, mettant fin à la guerre qui s’était déroulée durant l’automne, le corridor est « sous le contrôle du contingent russe de maintien de la paix » et l’Azerbaïdjan doit y garantir la libre circulation.
Lundi, à la demande de l’Arménie, qui reproche aux soldats de la paix russes de ne pas débloquer le corridor, l’Union européenne a commencé à déployer des observateurs à la frontière entre les deux pays. Une mission à laquelle Moscou s’oppose.
« Occupation »
Au début de janvier, Erevan, qui, depuis septembre 2021, accuse l’Azerbaïdjan de violer la Convention internationale sur l’élimination des discriminations raciales (CIEDR), avait demandé aux juges de la CIJ d’ordonner des mesures d’urgence en attendant de se prononcer sur le fond du dossier.
Lors des audiences des 30 et 31 janvier, le représentant de l’Arménie, Yeghishe Kirakosyan, avait affirmé : « Si la Cour n’agit pas rapidement, les Arméniens du Haut-Karabakh seront face à un choix impossible : quitter leurs terres ancestrales ou rester et être affamés. » L’Arménie l’a emporté sur ce point, mais ses avocats demandaient aussi d’ordonner l’interdiction des manifestations « orchestrées » par Bakou à l’entrée du corridor de Latchine. Les juges ont néanmoins rejeté cette demande, faute de « preuves suffisantes ».
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