« La ruralité n’est pas un bloc ni un mythe »

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Selon l’Insee, les territoires ruraux désignent « l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses » et réunissent 88 % des communes et 33 % de la population françaises. En comparaison, et selon la même étude, 28 % des citoyens de l’Union européenne vivaient en zone rurale en 2015.

Doit-on en déduire que la France est un pays rural ? Historiquement, oui. Longtemps associée au monde paysan (du latin pagensis, « du village, du canton »), la ruralité concernait 78 % de la population française et faisait vivre de l’agriculture près de 67 % des Français en 1789. A l’époque, elle n’était pourtant pas davantage que les autres pays du monde, cette « immense paysannerie » selon les mots de l’historien Fernand Braudel.

Aujourd’hui, si ce lien entre ruralité et agriculture est de moins en moins vrai – en 1968 déjà, seuls 42 % de la population rurale vivaient de l’agriculture –, le postulat d’une France spécifiquement rurale l’est tout autant. Et ce, malgré les affirmations de certains responsables politiques dont une telle vision, en plus d’oublier que les deux tiers de la population française résident dans une unité urbaine, a le double défaut de ne pas appréhender la ruralité dans sa diversité et d’en faire un mythe alors que ses enjeux nécessitent des réponses concrètes.

Des enjeux propres à chaque espace

En effet, il est préférable de parler des ruralités. C’est pourquoi l’Insee distingue quatre catégories d’espaces ruraux qui dessinent une France « périurbaine » – avec ses communes sous forte influence et sous faible influence d’un pôle d’emploi – et « hyper-rurale » – avec ses communes autonomes peu denses et très peu denses.

Or, chacune de ces catégories fait face à des enjeux propres. Ne serait-ce qu’en termes d’emploi, de transports, d’accès à la santé ou de couverture numérique dont le taux varie selon leur distance par rapport aux lieux d’attractivité que sont les métropoles et les grandes villes, et de leur géographie – montagne, plaine ou littoral.

La ruralité n’est donc pas un bloc. Elle ne peut pas non plus être un mythe. Loin de l’image d’une « France éternelle » structurée par ses clochers, ses paysages et sa douceur de vivre, elle est aussi un espace de contraintes qui nécessite des réponses concrètes et adaptées à ses réalités diverses. Parmi ces mesures, certaines relèvent d’abord de l’Etat. D’un point de vue financier, les dotations visant à soutenir l’investissement dans les projets locaux, en plus d’être pérennisées, doivent être plus lisibles.

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