La violette, une clochette de caractère

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A moins de fréquenter les sous-bois ou de vivre dans le sud de la France, on a plus de chance de manger des violettes que d’en dénicher pour remplir un (petit) vase. Plante vivace qui pousse en touffes serrées dans les forêts et les prairies et se dissémine rapidement dans les jardins, la violette a déserté les échoppes sous sa forme coupée. Trop fragile et discrète, on ne la trouve en ville qu’en pot, la plupart du temps dépourvue de ce parfum délicat que l’on ne perçoit qu’en se penchant tout près de sa fleur, pendue comme une clochette à sa tige recourbée.

En région PACA – notamment à Tourrettes-sur-Loup, son fief, dans les Alpes-Maritimes –, on en trouve encore en mini-bouquets ornés d’une collerette de feuilles. Ailleurs en France, sa culture dépend principalement de la confiserie et de la parfumerie, qui tiennent la Viola odorata en grande estime, que ce soit pour aromatiser miels, vinaigres et violettes de Toulouse ou pour parfumer les perles de poudre Météorites de Guerlain. Si chefs et boulangers l’ont adoptée pour réveiller salades, tartines ou gâteaux, la violette peut s’épanouir également au creux d’un poignet ou sur une cheville, comme en témoigne l’illustratrice et tatoueuse Iana Brezeky, alias Mijoh.Offerte à la Saint-Valentin jusqu’en 1960, la violette était, au XIXe siècle, « un cadeau d’amour codé d’une femme à une autre », rappelle le plasticien Jean-Michel Othoniel dans L’Herbier merveilleux. Notes sur le sens caché des fleurs du Louvre (Musée du Louvre-Actes Sud, 2019). Ce qui n’a pas échappé à Luis Mariano, chantant à pleins poumons L’amour est un bouquet de violettes en 1952.Depuis les suffragettes, elle donne sa couleur aux luttes féministes et son nom à des femmes de caractère. Pensez à la « Diablesse du stade », Violette Morris, championne de courses automobiles et de lancer de disque et de poids dans les années 1920, à l’empoisonneuse Violette Nozière, incarnée par Isabelle Huppert devant la caméra de Claude Chabrol, ou à Violet Crawley, la douairière à la repartie cinglante de Downton Abbey… Parions qu’à la faveur du regain pour les végétaux sauvages, cette fleur mystérieuse, pur motif Art nouveau, retrouvera sa place dans les timbales en argent.

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