Les conservateurs européens sous l’influence de l’extrême droite
Ce qui était naguère un tabou politique en Europe est en passe de devenir une banalité. Les accords entre des partis de droite et d’extrême droite pour former des gouvernements ou des majorités parlementaires se multiplient.
Vingt-trois ans après le choc causé par l’entrée au gouvernement du FPÖ de Jorg Haider en Autriche, Giorgia Meloni, cheffe de Fratelli d’Italia, préside le gouvernement italien ; les Démocrates de Suède sont au cœur du pouvoir et du programme de celui dirigé par Ulf Kristersson ; à Helsinki les Vrais Finlandais viennent de trouver un accord avec le Parti populaire suédois de Finlande et le mouvement des Chrétiens-démocrates pour composer la coalition la plus à droite de l’histoire du pays depuis la seconde guerre mondiale ; tandis qu’en Espagne, Vox imagine déjà être indispensable au Parti populaire pour gouverner après les élections législatives du 23 juillet.
Ailleurs, y compris en France, sans accord formel, les idées de l’extrême droite sont reprises dans les programmes des droites de gouvernement. Au début du siècle, alors que perçaient en même temps le FPÖ, la Ligue du Nord en Italie et l’UDC en Suisse, le discours anti-islam et xénophobe de ces « populismes alpins » avait creusé le fossé avec les droites. Depuis lors, le terrain sur lequel s’est progressivement bâti leur rapprochement est précisément le même, celui de l’immigration et du rejet de l’étranger.
Mais désormais, dans une mesure variable selon les pays, d’autres sujets rapprochent les droites de leurs extrêmes. Des éléments de la guerre culturelle ont fait leur entrée dans la rhétorique de certains dirigeants conservateurs. Les Polonais du PiS, le Fidesz du premier ministre hongrois Viktor Orban et Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni ne sont ainsi plus les seuls à dénoncer le « wokisme » et ses supposées traductions en matière d’égalité des droits et de défense des minorités.