Les sénateurs relancent la lutte intestine entre les distributeurs et leurs fournisseurs

Read Time:2 Minute, 27 Second

«Le Sénat prêt à détricoter la loi EGalim : une provocation inacceptable pour la FNSEA» : le communiqué, publié mardi 7 février par le principal syndicat agricole, tirait la sonnette d’alarme. Pourtant, le lendemain, la mobilisation organisée à Paris par la FNSEA, avec son impressionnante armada de tracteurs, n’évoquait pas le sujet. Même si sénateurs et députés étaient venus grossir les rangs des céréaliers manifestant sur l’esplanade des Invalides, désireux de leur apporter leur soutien. Le sujet du jour était la défense de l’utilisation des produits phytosanitaires en général, et des néonicotinoïdes en particulier.

Au même moment, la commission des affaires économiques du Sénat se penchait sur une proposition de loi sur « l’approvisionnement des Français en produits de grande consommation ». Un texte porté par le député (Renaissance) du Val-de-Marne Frédéric Descrozaille, et adopté par l’Assemblée nationale le 18 janvier dans un climat plus que houleux. Difficile de construire un texte de loi qui parvienne à concilier des intérêts aussi éloignés entre eux que ceux des distributeurs et ceux de leurs fournisseurs. D’autant qu’il conditionne aussi la rémunération des agriculteurs.

Un « coup de grâce à notre filière »

La commission du Sénat a négocié un virage à 180 degrés sur cette proposition de loi qui a fait l’objet d’un intense lobbying des acteurs. Dans sa version initiale, elle prolongeait jusqu’en 2026 des dispositions de la loi EGalim 1 concernant les promotions et le seuil de revente à perte. Adopté en octobre 2018, ce dispositif, devant s’éteindre en avril 2023, encadre les réductions de prix des produits alimentaires dans les grandes surfaces et majore de 10 % le seuil de revente à perte (SRP + 10), en dessous duquel un distributeur ne peut revendre un produit. Or, un amendement vient à l’inverse suspendre ce dispositif de majoration du seuil de revente à perte pendant deux ans.

« Nous dénonçons cette initiative qui risque d’avoir des effets dramatiques pour l’ensemble de la filière : certains distributeurs n’attendent que ce signal pour relancer une guerre des prix touchant l’ensemble des produits alimentaires »,réagit la FNSEA, qui souligne que cette mesure n’est pas responsable de l’inflation alimentaire subie actuellement par le consommateur. Un détricotage de la loi EGalim 1 qui inquiète le syndicat agricole, assurant qu’il serait un « coup de grâce [donné] à [sa] filière et au travail de l’ensemble des agriculteurs ». Mais dont se félicitent les distributeurs, comme Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, pour qui cette disposition « prise au nom du ruissellement, qui n’avait déjà pas de sens en période de déflation et qui n’a été corroborée par aucune analyse », est encore moins justifiée en période d’inflation avec le « maintien d’une marge minimale de 10 % ».

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Previous post Près de Montréal, un bus percute une garderie : deux enfants tués et six autres blessés
Next post Réforme des retraites : la Nupes prise dans ses contradictions