Turquie : Erdogan, donné souffrant depuis mardi soir, réapparaît en public

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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, donné souffrant depuis mardi soir, est réapparu physiquement en public pour la première fois, samedi 29 avril à Istanbul, sur des images retransmises par les chaînes de télévision. Le chef de l’Etat, 69 ans, atteint par un virus intestinal, selon son entourage, ne s’était plus exprimé pendant quatre jours que par visioconférence, suscitant des interrogations sur son état de santé à deux semaines de l’élection présidentielle du 14 mai.

M. Erdogan, encore pâle, a entamé une visite du salon aéronautique Teknofest sur l’ancien aéroport Atatürk d’Istanbul, un salon que la Turquie présente comme « le plus grand du monde » et qui permet à l’industrie militaire turque d’exposer ses drones et ses avions.

Reprenant le ton volontiers polémique qu’il affectionne, le président a aussitôt relancé ses attaques contre ses opposants, sans évoquer explicitement son état de santé. « Avec les déclarations scandaleuses qu’ils ont faites ces derniers jours, ils révèlent leur haine et leurs rancunes », a-t-il lancé devant la foule, avant de poser au milieu de femmes et d’enfants qui l’ont rejoint sur scène. « Mais peu importe ce qu’ils tentent de faire, ils n’arriveront à rien », a-t-il poursuivi en accusant les membres de l’opposition d’être des « agents » de l’Occident, déterminés à saper la Turquie.

Interview interrompue

M. Erdogan était accompagné du président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, et du premier ministre de Libye, Abdel Hamid Dbeibah, deux pays auxquels la Turquie fournit des drones de combat.

Déterminé à mettre un terme aux rumeurs, il a tenu un meeting dans l’après-midi à Izmir, sur la côte ouest, se félicitant d’avoir « repris [son] programme » de campagne. « Il nous reste deux semaines et nous allons travailler plus encore, nous ne nous arrêterons pas ! », a-t-il lancé face à une foule de partisans. Il est également attendu dimanche à Ankara, la capitale, exactement deux semaines avant le premier tour du scrutin, pour reprendre le cours de sa campagne électorale.

Il avait été contraint d’adapter son agenda depuis mardi soir et d’annuler tous ses déplacements prévus, dont celui pour l’inauguration très attendue, jeudi, de la première centrale nucléaire de Turquie, pour laquelle il avait même espéré la venue du président de la Fédération de Russie, Vladmir Poutine. Il s’était finalement exprimé par visioconférence, apparaissant blême et les traits tirés, assis à un bureau.

Recep Tayyip Erdogan avait été contraint mardi soir d’interrompre une interview en direct à la télévision. Le chef de l’Etat, teint pâle, était réapparu à l’antenne un quart d’heure plus tard avant d’écourter l’entretien.

Son principal opposant en bonne posture dans les sondages

L’épisode est mal tombé pour le président turc en campagne, qui compte aligner deux ou trois meetings quotidiens dans la dernière ligne droite, avant la tenue du double scrutin, présidentiel et législatif. La santé du dirigeant turc avait déjà alimenté les spéculations après une opération du gros intestin, à la fin de 2011, suivie d’une nouvelle intervention chirurgicale l’année suivante. M. Erdogan, alors premier ministre, avait démenti publiquement souffrir d’un cancer du côlon, expliquant que les opérations visaient à lui retirer des polypes.

Dans le même temps, son principal opposant, Kemal Kiliçdaroglu, a enchaîné deux meetings vendredi. A la tête d’une alliance réunissant six partis de l’opposition, M. Kiliçdaroglu se présente en bonne posture, selon la plupart des sondages. En outre, le parti de gauche prokurde HDP, troisième force politique turque, a appelé vendredi ses partisans à voter en faveur de M. Kiliçdaroglu, un soutien susceptible de favoriser son élection.

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