Violences conjugales : « L’alcool est présent dans plus d’un féminicide sur deux »
La lutte contre les violences faites aux femmes est une grande cause du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Lors d’un déplacement à Dijon fin novembre 2022, le président redisait son engagement à intensifier l’action gouvernementale pour faire décliner la courbe des féminicides (110 femmes tuées en 2022 par leurs compagnons ou ex).
Plusieurs leviers ont déjà été considérés, comme l’établissement de juridictions spécialisées ou le déploiement de bracelets anti-rapprochement, mais leur impact est incertain. Il existe pourtant des pistes concrètes déjà expérimentées à l’étranger qui pourraient élargir l’arsenal. Les mesures concernant l’alcool et la prise en charge des dépendances en font partie.
Des données de la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur établissaient en 2018 qu’un tiers des auteurs d’homicide conjugal avaient consommé de l’alcool dans le contexte des faits. Si l’on ajoute l’alcoolisation des victimes, l’alcool est présent dans plus d’un féminicide sur deux. Ce constat ne se limite pas aux violences mortelles. Une équipe universitaire américaine menée par Brian Cafferky a agrégé 285 études sur l’usage d’alcool et les violences entre partenaires intimes.
Fondée sur un impressionnant échantillon de plus de 625 000 participants, cette synthèse publiée en 2018 a montré que la consommation d’alcool était significativement liée au statut d’auteur mais aussi de victime de violence. L’étude a confirmé que l’alcool augmentait les risques chez les personnes ayant un abus ou une dépendance, mais qu’il l’augmentait aussi chez celles qui n’en consommaient qu’une ou deux fois par mois.
Autrement dit, les problèmes engendrés par l’alcool ne résident pas seulement dans des profils de consommateurs à risque, bien que ceux-ci y contribuent de manière disproportionnée. Cet effet spécifique de l’alcool (donc indépendant des caractéristiques des consommateurs eux-mêmes) a été corroboré par des études mesurant les consommations quotidiennes de personnes de la population générale pendant plusieurs semaines pour établir si la probabilité d’apparition d’un épisode agressif augmentait en fonction de celles-ci.
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