Avec le « Watergate grec », des journalistes indépendants sous haute surveillance

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« Si le premier ministre Kyriákos Mitsotákis est réélu avec une nette majorité, les scandales [qui ont émaillé son mandat] risquent d’être enterrés », estime le journaliste Thodoris Chondrogiannos. C’est que la situation de la presse en Grèce s’est fortement dégradée sous le mandat du leader conservateur Kyriákos Mitsotákis, au pouvoir depuis juillet 2019. Réélu le 21 mai, il a appelé les électeurs à voter de nouveau le 25 juin pour obtenir la majorité absolue au Parlement. Tasos Telloglou peut témoigner de cette détérioration du paysage médiatique.

En mai 2022, ce journaliste d’investigation pour le média indépendant Inside Story s’est fait suivre dans le quartier athénien de Kolonaki. Un policier s’est rendu dans le parking où il se gare habituellement, demandant au gardien d’accéder à sa voiture. Le journaliste a ensuite découvert que son téléphone était surveillé par les services secrets grecs (EYP).

Ce n’est pas un film d’espionnage, mais le quotidien des journalistes qui ont révélé l’un des plus grands scandales en Grèce : la mise sur écoute ­d’opposants politiques, de reporters, d’entrepreneurs par l’EYP avec l’utilisation d’un logiciel espion, Predator.

Au moins douze journalistes surveillés

Tasos Telloglou a enquêté avec d’autres confrères sur ce « Watergate grec ». Il a découvert, en avril 2022, la présence d’un logiciel espion sur le téléphone portable d’un collègue, journaliste spécialisé dans la finance, Thanasis Koukakis : Predator permet d’enregistrer les messages et les appels – y compris ceux passés avec des applications cryptées réputées sûres. Au moins douze journalistes grecs ont déclaré avoir été surveillés par Predator.

En août 2022, Inside Story révélait que le responsable du cabinet du premier ministre Mitsotákis, qui n’est autre que son neveu, avait des liens avec la société Intellexa, commercialisant Predator en Grèce. Depuis, Grigoris Dimitriadis a été limogé ainsi que le chef des services secrets.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Grigoris Dimitriadis réclame désormais 150 000 euros de dommages et intérêts aux journalistes qu’il juge responsables de sa révocation. « C’est une manière de décrédibiliser notre travail », soutient Thodoris Chondrogiannos, journaliste pour Reporters United visé par la plainte. Le site de Reporters United a été aussi la cible d’un hameçonnage pour tenter d’avoir accès à des sources.

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