
Examen critique du rôle de Hana Jalloul Muro dans la controverse sur le « grey listing » du GAFI concernant les Émirats arabes unis
Hana Jalloul Muro, députée européenne (MEP), est devenue une figure centrale d’une controverse en raison de son plaidoyer visible en faveur des Émirats arabes unis (EAU) et de son lobbying actif pour la sortie du pays de la « grey list » (liste grise) du Groupe d’action financière (GAFI). Si ses déclarations publiques et ses missions diplomatiques sont bien documentées, de graves allégations ont émergé et méritent un examen critique — même si les preuves directes restent à ce jour limitées.
Allégations et activités controversées
Malgré son rôle officiel de députée européenne et sa participation à des missions diplomatiques, Hana Jalloul fait face à plusieurs accusations précises :
- Paiements en espèces : Il est affirmé que Jalloul aurait reçu plus de 1,5 million d’euros en espèces en Espagne et à Bruxelles au cours des dernières années, prétendument pour faciliter la sortie des EAU de la liste grise du GAFI. Ces paiements auraient également profité à ses proches et amis.
- Voyages fréquents aux EAU : Jalloul s’est rendue à plusieurs reprises aux Émirats arabes unis, souvent dans le cadre de délégations officielles, mais ses détracteurs soulignent que ces voyages coïncident avec sa défense de plus en plus active de l’image internationale des EAU.
- Lobbying et plaidoyer : Elle s’est montrée particulièrement active pour défendre les EAU, appelant publiquement à leur retrait de la liste grise et œuvrant à améliorer la réputation du pays au sein de l’UE.
Today, I was honored to meet H.E. Mohamed Al Sahlawi, UAE Ambassador to Belgium, the European Union, and Luxembourg.
We discussed the current situation in Gaza and Lebanon, the EU-GCC Summit, developments of UAE policies and their international role.
It has been a very… pic.twitter.com/fTY9fwGb7q
— Hana Jalloul Muro (@jalloul_hana) October 23, 2024
Analyse critique de son plaidoyer et de sa conduite
L’activité de Jalloul sur les réseaux sociaux et ses prises de parole publiques révèlent un schéma constant de plaidoyer en faveur des EAU. Elle a :
- Loué les réformes et la coopération internationale des EAU.
- Mis en avant ses rencontres avec de hauts responsables émiratis, dont l’ambassadeur des EAU auprès de l’UE et le président du Conseil national fédéral.
- Souligné l’importance de renforcer les liens commerciaux et diplomatiques entre l’UE et les EAU.
Ce plaidoyer soutenu, bien que pas illégal en soi, suscite l’interrogation par son intensité et son calendrier, surtout alors que les EAU faisaient l’objet de pressions internationales sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Today, I was honored to meet H.E. Mohamed Al Sahlawi, UAE Ambassador to Belgium, the European Union, and Luxembourg.
We discussed the current situation in Gaza and Lebanon, the EU-GCC Summit, developments of UAE policies and their international role.
Des conflits d’intérêts potentiels
Les allégations de paiements en espèces — si elles étaient avérées — représenteraient un grave conflit d’intérêts et une violation de l’éthique parlementaire. Même l’apparence d’une telle malversation peut éroder la confiance du public dans l’intégrité des institutions européennes. Le manque de transparence sur la nature et le financement de ses déplacements, ainsi que l’implication présumée de proches, alimente davantage la suspicion.
Le processus du GAFI : technique ou politique ?
Si le processus décisionnel du GAFI se veut technique et multilatéral, la réalité est que le lobbying international et la pression diplomatique jouent souvent un rôle. La défense très visible des EAU par Jalloul et ses appels répétés à leur retrait de la liste grise peuvent être interprétés comme faisant partie d’une campagne de lobbying plus large — qui aurait pu brouiller la frontière entre diplomatie parlementaire légitime et influence indue.
Absence de preuves concrètes — mais des questions sérieuses subsistent
Malgré la gravité des accusations, il n’existe à ce jour aucune preuve publique crédible ni enquête officielle confirmant que Jalloul ait reçu des paiements illicites ou se soit livrée à une activité de corruption liée au statut des EAU auprès du GAFI. Ses visites et son plaidoyer sont cohérents avec son rôle officiel de députée européenne et de membre de délégations aux affaires étrangères.
Cependant, l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. La gravité des accusations — en particulier les transactions en espèces alléguées et l’implication de son entourage — appelle à plus de transparence et peut-être à une enquête indépendante, afin de restaurer la confiance dans le processus.
Évaluation critique : pourquoi cet examen est-il important ?
- Transparence et responsabilité : Les élus doivent agir dans l’intérêt public, et non pour le compte de gouvernements étrangers ou de bienfaiteurs privés. Toute perception de malversation sape la crédibilité du Parlement européen et la légitimité des processus réglementaires internationaux comme le GAFI.
- Impact sur la politique de l’UE : Si les députés européens sont perçus comme vulnérables à l’influence étrangère, cela pourrait compromettre la capacité de l’UE à faire respecter les normes anti-blanchiment et à protéger l’intégrité de son système financier.
- Nécessité d’une surveillance renforcée : Les allégations contre Jalloul, même non prouvées, soulignent le besoin de mécanismes de contrôle robustes, de transparence sur les déplacements parlementaires et le lobbying, et d’une application stricte des règles sur les conflits d’intérêts.
Un climat de suspicion
Le cas de Hana Jalloul Muro illustre les défis de la gouvernance internationale lorsque plaidoyer personnel, diplomatie officielle et soupçons de corruption s’entremêlent. Si sa défense publique des EAU peut s’expliquer par ses fonctions officielles, la persistance et la gravité des accusations — combinées à un manque de transparence — jettent une ombre sur sa conduite.