
« Le climat, un angle mort de la réforme des retraites »
« Peut-on respirer avant d’expirer ? » « Espèces en voie d’extinction : thon rouge, ours polaire, acquis sociaux »… Les messages rappelant l’urgence climatique étaient bien visibles lors des manifestations à répétition contre la réforme des retraites. Dans celle du 16 février, à Paris, une jeune participante avait même résumé son inquiétude sur une pancarte en carton : « Notre génération et les suivantes subiront sécheresses, canicules, réfugiés climatiques, batailles de l’eau et des énergies… Qu’avez-vous contre nous ? »
Cette convergence de deux combats, social et écologique, s’est bien traduite par la présence, dans les cortèges, d’associations environnementales et climatiques, Greenpeace, Alternatiba, Extinction Rebellion, Les Amis de la Terre, etc. Elle fait pourtant face à un vide, un véritable angle mort, de cette réforme.
Rien dans le dernier rapport, daté de septembre 2022, du Conseil d’orientation des retraites (COR) qui fasse état des bouleversements attendus par nos sociétés. Pourtant, l’augmentation des températures et la multiplication des canicules vont profondément changer les conditions de travail, les rendant plus pénibles, impactant les organismes, voire, à terme, modifiant les espérances de vie.
Un environnement de travail profondément modifié
Dans un rapport de 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’était penchée sur « l’évaluation des risques induits par le changement climatique sur la santé des travailleurs ». L’environnement du travail sera profondément modifié, « en cause la hausse des températures, l’évolution de l’environnement biologique et chimique, et la modification de la fréquence et de l’intensité de certains aléas climatiques ». Cette analyse de l’Anses sur l’accroissement de la pénibilité au travail fait ainsi écho aux débats actuels sur la réforme.
Dans un rapport de décembre 2022, l’Organisation internationale du travail avançait même la « retraite anticipée » parmi les solutions pour prendre en compte les évolutions climatiques et avancer pour une « transition juste ». Soit à l’opposé de l’objectif de travailler plus longtemps soutenu dans la réforme.
Les militants du climat, eux, font le lien entre les deux causes. Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace France, organisation peu habituée jusqu’alors à rallier les mobilisations sociales, l’affirme : « On ne peut que combattre ce projet de réforme qui vise à faire travailler plus longtemps, à produire plus de biens, plus de consommation, plus de déchets, plus d’émissions de gaz à effet de serre et plus de pression sur les ressources naturelles de la planète. »
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