Volodymyr Zelensky, le résistant de Kiev
Les cinq vies de Volodymyr Zelensky » (5/5). En décidant courageusement de ne pas quitter la ville, le président ukrainien qui détestait la guerre et ne voulait pas y croire n’a pas seulement déjoué les plans d’attaque russes. Il s’est révélé.
« C’est la dernière fois que j’entends parler de ça. » Nous sommes à Kiev, le 24 février 2022, il y a un an exactement. Depuis quelques heures, des colonnes blindées foncent à travers l’Ukraine, des missiles visent la capitale. Vladimir Poutine a annoncé sa volonté de « démilitariser et dénazifier » son voisin et appelle les soldats ukrainiens à « déposer les armes ». Derrière les lourds murs des bâtiments staliniens de « l’administration présidentielle », Oleksi Danilov, chef du conseil national de sécurité et de défense, suggère plusieurs lieux pour délocaliser le pouvoir et propose divers scénarios à Volodymyr Zelensky pour lui garantir la vie sauve. Quitter l’Ukraine ? Le président ukrainien ne se donne ni un jour ni même une nuit pour réfléchir. C’est « ni », « non ».
La planète entière connaît le mot lancé par Zelensky au président américain Joe Biden lui proposant de l’aide pour quitter Kiev : « J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi ! » Une répartie géniale, celle d’un scénariste habitué aux sitcoms et aux dialogues qui sifflent comme des balles. « C’est la dernière fois que j’entends parler de ça » : en revanche, cette réponse à Danilov (rapportée par ses conseillers au quotidien américain The Washington Post), dans le secret d’un bureau de la rue Bankova, c’est bien autre chose. Un cri du cœur. Les circonstances font l’homme, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ce 24 février 2022, révèle Zelensky.
A Kiev, quelques heures plus tôt, les bruits sourds des explosions n’ont pas encore retenti à travers les fenêtres de la résidence de fonction du couple présidentiel, sur les hauteurs des collines de Lypky, qu’un coup de téléphone du ministre de l’intérieur, Denys Monastyrsky réveille le président. « Ça a commencé. On y est », lâche Monastyrsky (il sera l’une des victimes de l’accident d’hélicoptère qui s’est écrasé le 18 janvier en le conduisant près d’un front). « Ça a commencé », répète le président ukrainien à sa femme qui s’inquiète de l’apercevoir si tôt, en costume, sans cravate.
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