Dans le sud de l’Allemagne, la Bavière forcée de rattraper son retard dans l’éolien
C’était traditionnellement la région la plus hostile à la multiplication des éoliennes sur son territoire : la Bavière, première de la classe parmi les Länder allemands sur beaucoup de sujets, est une des plus mal classées dans le développement de l’énergie issue du vent. Elle est également une des plus dépendantes du gaz et du nucléaire pour sa production d’électricité.
C’est normal, ont longtemps argué les politiques locaux, dans le sud de l’Allemagne, le vent souffle moins qu’au nord. Mais la responsabilité revient surtout à un règlement local sans équivalent outre-Rhin, qui a quasi stoppé depuis 2014 le développement de l’éolien dans la Bavière riche et industrialisée : selon la règle dite des « 10H », une éolienne ne pouvait être érigée qu’à une distance dix fois supérieure à sa hauteur par rapport aux habitations, ce qui signifie en général plus de deux kilomètres. La région est connue pour ses mouvements protestataires très organisés contre l’implantation des mâts, notoirement soutenus par le parti conservateur au pouvoir (CSU).
La voilà forcée au changement : selon la loi fédérale sur l’éolien terrestre, en vigueur depuis le 1er février 2023, la Bavière doit consacrer d’ici à cinq ans 1,1 % de son territoire à l’énergie issue du vent, puis 1,8 % dans dix ans. Pour les éoliennes situées à l’intérieur de ces zones prioritaires, il n’y aura plus aucune règle de distance minimale. Quel accueil recevront les nouveaux projets d’implantation dans les régions où elles ont été le plus combattues ?
Pourtant, le vent a peut-être tourné en Bavière. Depuis la guerre en Ukraine et la fin du gaz russe, les politiques hésitent. La région a déjà assoupli la règle « 10H ». Au débat sur la beauté des paysages a succédé une interrogation inquiète, notamment dans les milieux économiques, sur la compétitivité à venir des sites industriels, s’ils sont mal dotés en énergie verte. Les Bavarois ont constaté que les dernières grandes implantations d’entreprises high-tech étrangères outre-Rhin (Tesla, Intel, Northvolt) se sont faites dans des lieux où l’électricité d’origine renouvelable était abondante : au nord et à l’est. De quoi faire réfléchir les premiers de la classe.
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