A Vintimille, le « cycle infini » des migrations transfrontalières
Entre la localité de Grimaldi, la dernière d’Italie, et la commune française de Menton, où la Côte d’Azur se fond dans la Riviera italienne, les anciennes villas d’aristocrates anglais du XIXe siècle, les bougainvilliers et les eaux bleues de la Méditerranée servent depuis huit ans de décor à une crise migratoire permanente. Depuis 2015, la France y renouvelle systématiquement la suspension exceptionnelle de la liberté de circulation. Des hommes et des femmes tentent de franchir la frontière, d’autres les arrêtent, les renvoient vers l’Italie. Ce mouvement de pendule recommence, prenant des voies plus dangereuses. En huit ans, plusieurs dizaines de personnes y ont perdu la vie.
Avec le rétablissement des contrôles dans les trains, sur les routes et dans les sentiers qui parcourent les collines calcaires du littoral, cette voie migratoire historique a transformé la ville de Vintimille, distante de sept kilomètres, en goulot d’étranglement. De loin en loin, s’y répercutent les frictions ponctuelles qui affectent les relations entre Rome et Paris sur le dossier migratoire, comme lorsque, le 4 mai, le ministère français de l’intérieur, Gérald Darmanin, a jugé la présidente du conseil d’extrême droite, Giorgia Meloni, « incapable » de gérer les flux migratoires en Italie.
Ces déclarations intervenaient alors que l’Italie a enregistré dans les premiers mois de 2023 une nette progression des arrivées de migrants en provenance des côtes d’Afrique du Nord. Le ministère de l’intérieur italien a dénombré un afflux de 42 000 personnes en Italie par la Méditerranée en 2023, contre 11 000 sur la même période l’année précédente, avec surtout l’intensification de départs de Tunisie de migrants venus d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En réaction, le gouvernement italien a déclaré un état d’urgence migratoire et remis en cause le régime de protection internationale en vigueur dans le pays.
« Une histoire sans fin »
Mécaniquement, ces nouveaux flux se répercutent à la frontière avec la France. Dans les municipalités de la Côte d’Azur, dominées par Les Républicains, on parle de structures d’accueil saturées par des mineurs étrangers non accompagnés et on se dit à l’aube d’un été qui s’annonce particulièrement tendu. Depuis janvier, 40,8 % des personnes qui ont débarqué sur les côtes italiennes sont originaires d’Afrique subsaharienne francophone, d’après les données du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
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