Au Danemark, la gauche se veut championne des restrictions à l’immigration

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En 1952, le Danemark avait été le premier pays au monde à ratifier la convention de Genève sur les réfugiés. Soixante et onze ans plus tard, le royaume scandinave de 5,9 millions d’habitants est érigé en exemple par des partis conservateurs d’Europe, comme Les Républicains en France, qui souhaitent s’inspirer de sa politique migratoire ultra-restrictive, mise en œuvre par la droite pendant près de vingt ans et poursuivie par les sociaux-démocrates à partir de 2019.

Ces derniers se sont pourtant opposés longtemps aux coups de boutoir portés à la politique d’accueil du pays. Mais, après un nouvel échec électoral en 2015, la formation dirigée par Mette Frederiksen a changé de stratégie. Objectif : regagner la confiance de ses électeurs traditionnels, qui votaient majoritairement pour le Parti populaire danois, une formation nationaliste anti-immigration, servant de force d’appoint à la droite depuis 2001.

Pour justifier cette réorientation controversée à gauche, le parti à la rose a argué qu’en soutenant une politique d’accueil généreuse il avait trahi les classes populaires, qui ont dû subir le poids de l’immigration et des échecs de l’intégration, et mis en danger l’Etat-providence. Pour la première fois depuis des années, la campagne électorale de 2019 n’a pas été centrée sur l’immigration. La gauche l’a emporté, tandis que le Parti populaire danois, affaibli par des scandales, s’est effondré à 8,7 % des voix (21 % en 2015). Aux législatives de 2022, trois partis nationalistes ont tout de même mobilisé plus de 14 % des voix. Bien qu’ils siègent dans l’opposition, leur discours anti-immigration est majoritaire au Parlement.

Les réfugiés n’ont plus vocation à s’intégrer

En 2019, les députés ont acté un « changement de paradigme » dans la politique danoise de l’asile, aboutissement de vingt ans d’efforts pour dissuader les candidats à l’exil de choisir le Danemark. Selon ce « paradigmeskift », les réfugiés n’ont plus vocation à s’intégrer, mais à repartir dès que possible dans leur pays d’origine. Les effets de cette politique apparaissent mitigés : en 2022, 94 000 titres de séjour ont été délivrés (sans compter ceux pour près de 33 000 Ukrainiens), contre 38 000 en 2001. Mais le nombre de statuts de réfugié accordés a chuté de 6 200 en 2001 à 1 400 en 2022, après un pic à 20 000 en 2015 et plusieurs fluctuations.

Depuis 2015, il faut avoir vécu neuf ans dans le pays et y avoir travaillé au moins deux ans et demi pour toucher les minima sociaux. Les réfugiés (ils sont un peu plus de 60 000) ont droit à une allocation mensuelle de 6 228 couronnes (835 euros) pour un adulte seul (le double avec un enfant), à condition qu’ils apprennent le danois et suivent une formation ou cherchent un emploi. La police est en droit de saisir leur argent ou objets de valeur, à leur entrée sur le territoire, pour financer leur séjour (ce qui arrive rarement).

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