Elisabeth Borne devant le risque du 49.3 pour le vote de la réforme des retraites
La première ministre et ses équipes font les comptes « au jour le jour » pour identifier les votes pour ou contre, les abstentions et les indécis afin de ne pas déclencher l’article constitutionnel pour la onzième fois depuis son arrivée à Matignon.
La première ministre a, jusqu’ici, balayé l’hypothèse. Avoir recours à l’article 49.3 de la Constitution qui permettrait de faire adopter, jeudi 16 mars, la réforme des retraites sans vote, était apparenté à une telle vilenie qu’Elisabeth Borne osait à peine prononcer le chiffre maudit. Lundi 13 mars, à quelques jours de l’échéance parlementaire, l’idée d’un tel passage en force n’était plus taboue.
A Matignon, l’ancienne ministre du travail et ses équipes font les comptes « au jour le jour » et tiennent des tableaux pour identifier les votes pour ou contre, les abstentions et les indécis. « On ne lit pas dans une boule de cristal, on travaille. On n’ira pas au vote si on sait qu’on va perdre », tranche-t-on au cabinet de la première ministre où l’on promet de se « bagarrer » pour éviter ce scénario cauchemardesque.
La cheffe du gouvernement, comme le président de la République, ont convenu, lors de leur déjeuner hebdomadaire lundi, du « tempo » et de la « ligne » : il faut tenter le vote jusqu’à la dernière minute mais ne pas jouer aux dés en risquant de faire échouer l’adoption d’un texte jugé crucial pour les finances publiques. « Si la réforme ne passe pas, c’est un passeport énorme pour l’immobilisme », prévient Eric Woerth, député Renaissance de l’Oise et ancien membre du parti Les Républicains (LR). « Un 49.3 ce serait moins élégant qu’un vote mais pas moins légal », relativise le sénateur Renaissance de la Côte-d’Or François Patriat.
Elisabeth Borne refuse d’en faire une affaire personnelle. Mais déclencher le onzième 49.3 depuis sa prise de fonctions à Matignon – et le centième sous la Ve République – reviendrait à acter son propre échec. Depuis trois mois, la première ministre n’a pas su embarquer les syndicats, vent débout contre le projet de recul de l’âge de départ à 64 ans. Elle n’a guère convaincu l’opinion, majoritairement hostile à la réforme.
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