
Mélenchon met la pression sur la Nupes
En ce mardi 6 juin, place des Invalides, à Paris, l’ambiance paraît bon enfant entre les partenaires de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) venus participer à la quatorzième journée de manifestation contre la réforme des retraites. Après cinq mois et demi de lutte, les principaux ténors de la gauche affichent toujours un visage uni. « Il y a quelque chose de pourri dans la Macronie qui décide que la rue et la démocratie sociale ne comptent pas », assène la présidente des députés de La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot.
A ses côtés, son homologue communiste, André Chassaigne, appelle à ne pas « baisser les armes » et à « se battre contre une loi régressive, impopulaire dans ce pays ». Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, s’inquiète d’une démocratie « en danger », alors que la majorité présidentielle tente de torpiller la proposition de loi d’abrogation du recul de la retraite à 64 ans déposée par le groupe d’opposition Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, qui arrive en séance publique jeudi 8 juin. Seul le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, se risque à évoquer « les différences » entre les quatre partis de la gauche. « Nous pouvons nous engueuler », admet-il, en marge du cortège. Avant d’évacuer : « Mais la gauche politique est bien là. »
Derrière ces apparences d’unité, la marmite de la Nupes bout pourtant à gros bouillons. Lundi 5 juin, son principal artisan, le triple candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a mis un énorme coup de pression sur ses partenaires. « S’il n’y a pas d’union aux européennes, il n’y en aura pas non plus aux municipales. Pourquoi y en aurait-il une à la présidentielle ? », a-t-il menacé dimanche 4 juin, dans un entretien accordé au quotidien 20 Minutes. Jusque-là, seule sa garde rapprochée laissait planer l’hypothèse d’un éclatement de la Nupes en cas de listes autonomes aux élections européennes de 2024. « Ni chantage ni injonction, mais du respect et de la fraternité », lui a répondu Olivier Faure dans Le Parisien, mardi 6 juin.
Ne pas « surdramatiser l’enjeu »
Depuis plusieurs mois, Jean-Luc Mélenchon sait combien il va être difficile de réunir la gauche autour d’une liste unique aux européennes, tant les vues des « insoumis », des socialistes, des écologistes et des communistes peuvent diverger sur l’Europe ou l’international. En décembre, Marine Tondelier a fermé la première la porte à cette option. Les communistes n’ont jamais envisagé de s’allier et, au PS, la situation est complexe. Olivier Faure est tiraillé entre les pro et les anti-Nupes de son parti. « Si on s’aperçoit qu’avec les écologistes, les communistes, les “insoumis” et les socialistes, on dit exactement la même chose, il faudra faire une liste commune », explique le premier secrétaire.